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L’affaire Dentexia, c’est le scandale sanitaire d’une franchise dentaire low cost en France. Voici l’histoire d’une dérive et ce qui se cache derrière.

Si l’on en croit les études, 75% des français considère le coût des soins dentaires et leur remboursement par la sécurité sociale comme prioritaires pour lutter contre le renoncement aux soins. La réforme 100% santé sur le reste à charge dentaire vise à apporter des solutions, mais des milliers de patients se sont laissés séduire par des centres dentaires low cost. Ce sont aujourd’hui des victimes dans la tourmente.

Le scandale dentexia fut le premier du genre, mais d’autres ont suivi. Leur modèle est aujourd’hui largement remis en cause.

Scandale au centre dentaire en France

Ils sont désormais des centaines de centres à casser les prix. Apparus à la fin 2009 sous un étonnant statut d’association à but non lucratif loi 1901, ils ne cessent depuis de faire parler d’eux.

Ces centres dentaires low-cost proposent des prix défiant toute concurrence. Ils sont aujourd’hui sous le feu des projecteurs pour leurs dérives. Dentexia, Proxidentaire, Dentexcellans, Dentego, Cilaé, la liste des centres dans le collimateur de la justice s’allonge un peu plus chaque jour…

S’ils ont ouvert en grand nombre au départ avec la bénédiction des autorités sanitaires, la situation à changé depuis le scandale dentexia et ceux qui ont suivi. Plus de 80 établissements sont actuellement sous contrôle de l’Assurance maladie, selon un article de mai 2022 dans le Parisien scandales sanitaires : les centres dentaires sous surveillance. Plus récemment en 2024, la fermeture de tous les centres dentaires Dentifree interroge et relance le débat. Alors, que penser des centres dentaires?

Le drame Dentexia

A l’origine du scandale des centres dentaires, on retrouve le précurseur du low cost dentaire en France : Dentexia.

Pascal Steichen est le créateur de ces centres dentaires low cost. Il en a fait les frais. Sa responsabilité ne fait aucun doute dans la faillite du système low-cost appliqué à la médecine dentaire. Mais l’acharnement dont il fut la cible montre qu’il occupe le rôle idéal de fusible d’un système en dysfonctionnement. Serait-ce le scandale de l’arbre qui cache la forêt?

Problème d’hygiène, malfaçon, sur-facturation, escroquerie, mutilations… les griefs pleuvent à l’égard des centres dentaires Dentexia. Les plaintes des patients laissés sur le carreau se sont accumulées et l’enquête de l’IGAS (Inspection générale des affaires sanitaires) se poursuit. Des centaines de patients sont lésés et mutilés avec des traitements dentaires mal réalisés ou pas terminés, bref un vrai cauchemar chez le dentiste.

10 ans après les faits qui remontent entre 2012 et 2015, l’association La Dent Bleue se déclare aujourd’hui ” très inquiète quant à la tenue d’un procès dans l’affaire Dentexia ». Les 4000 victimes de la franchise Dentexia liquidée en 2016 et regroupé en association pour faire valoir leurs droits ont reçu une aide exceptionnelle de la part du Ministère de la Santé. C’est une petite victoire pour les victimes mais qui reste insuffisante. Car l’instruction judiciaire est au point mort ou presque depuis 8 ans. « Et si le procès Dentexia n’avait jamais lieu ? » se demande l’association de victime dans un communiqué d’avril 2024?

Fiasco sanitaire : les victimes dentexia

L’ARS constate de nombreux manquements, notamment concernant les règles fondamentales d’hygiène non respectées dans un centre dentaire à bas prix. L’ARS prend alors la décision de suspendre l’activité du centre de Dentexia à Lyon, car les patients du centre « s’exposaient à des dangers graves et immédiats de contamination bactérienne». Les fermetures des autres centres ont suivi. Les médias se sont emparés de l’affaire et mis en lumière les graves dysfonctionnements qui ont mené Dentexia à sa liquidation.

Mais le cauchemar continue pour les victimes, qui se comptent en milliers à avoir fait les frais de la médecine dentaire low cost en France. Une aide globale de 1,5 millions a bien été débloquée par les autorités, mais ne bénéficie pas à tous.  De plus, elle ne correspond aucunement à une indemnisation des victimes puisqu’elle a été versée aux dentistes acceptant de reprendre les chantiers dentaires… Aussi, de nombreux patients victimes attendent encore que soit reconnu « le fait d’avoir souffert, d’avoir été mutilé, abusé, escroqué » pour pouvoir bénéficier d’une prise en charge.

L’apparition des centres dentaires low-cost

Le centre dentaire low cost apparait dans les années 2010. Il répond à un besoin non-satisfait : refaire ses dents pas cher. En effet, le renoncement aux soins dentaires touche près du tiers de la population française. Ces cabinets à prix discount représentent une alternative aux soins dentaires à l’étranger, régulièrement décriés par les syndicats de dentistes. Syndicats dentaires et Conseil de l’Ordre martèlent que des complications sont à prévoir lors de tels déplacements. Bref, il faut à tout prix éviter le tourisme dentaire, clament-ils haut et fort. Mais en soutenant qu’il faut privilégier les dentistes de proximité, ils ont sans le savoir laissé entrer le loup dans la bergerie. La réglementation favorable aux centres dentaires discount finira le travail. Et il faudra attendre 2023 et la loi Khattabi pour voir des changements se produire.

« Plutôt que de renoncer aux soins, ou partir nous faire soigner à l’étranger, nous avons été séduits par les prix compétitifs et la proximité de ces centres dentaires d’un genre nouveau, à qui nous avons confié notre santé ainsi que toute notre confiance » déclarait le collectif de patients contre Dentexia, dans une lettre au Ministre de la santé.

La réponse à un besoin dentaire non satisfait

Le dentaire est le parent pauvre du système de soins français. Mis en place en 1945, il n’est plus en phase avec la situation actuelle. La nature a horreur du vide, disait Aristote. Et un besoin non satisfait laisse une place vacante.

Des initiatives sont donc logiquement apparues pour contrer le renoncement aux soins dentaires. Leur objectif est de répondre aux besoins dentaires de la population. Mais souvent, elles relèvent en réalité d’une logique financière et utilisent les méthodes éprouvées dans l’industrie ou la grande distribution pour les appliquer à la médecine dentaire. On appelle cela le modèle dentaire low-cost.

Les soins dentaires pâtissent en premier d’une impossible équation : des coûts élevés et des remboursements insuffisants. En parallèle, le désengagement de l’assurance maladie au profit des complémentaires santé accompagne un mouvement de fond que l’on peut comparer à une ubérisation de la santé.

Une chose est sûre, de profonds changements sont à l’œuvre et l’immobilisme reste de mise. Un immobilisme qui fait grincer des dents face aux nouveaux challenges à relever pour favoriser l’accès aux soins et éradiquer les déserts médicaux.

Scandale Dentexia : à qui la faute?

Face d’un côté à la lenteur des autorités et au conservatisme à tous crins de représentants de la profession dentaire, ce qui devait arriver arriva. Et on assiste aujourd’hui, impuissants, au retour du bâton. En définitive, ce sont les patients qui trinquent et paient les pots cassés, en l’occurence leur dentition.

« Bien que de nombreux dentistes ont accepté de reprendre des victimes de Dentexia, les chances d’être un jour dédommagés sont minces », déclare le Collectif qui continue de recevoir des messages d’ex-patients souffrant de problèmes non-solutionnés.

Les principaux responsables sont ceux à l’origine des chefs d’accusation retenus par l’instruction : pratique commerciale trompeuse et tromperie aggravée ; blanchiment en bande organisée ; banqueroute ; abus de confiance ; abus de biens sociaux ; fraude fiscale ; escroquerie en bande organisée ; exercice illégal de la profession de chirurgien-dentiste ; violences suivies de mutilations ou infirmité permanente ; blessures involontaires ayant entraîné une incapacité totale de travail supérieure à trois mois.

Un scandale aux multiples responsabilités

Derrière cette histoire tragique, c’est aussi une responsabilité collective qui se dessine :

  • responsabilité collective de coûts trop élevés et de remboursements trop faibles, qui poussent les patients à chercher des solutions rendues possibles par une déréglementation mal conçue,
  • irresponsabilité face au manque de transparence et aux dérives d’une profession qui peine à se remettre en cause,
  • enfin, responsabilité des représentants de la profession dentaire qui caricaturent et véhiculent dans leur intérêt des images tronquées ou caricaturales. Ils ont poussé (bien malgré eux) les candidats aux soins à bas prix vers ces centres low-cost en France.

Le discours rétrograde et partisan qui entoure les soins dentaires en France continue de faire des ravages. Chacun prêche pour sa paroisse et maintient une posture idéologique. Le premier syndicat de dentistes CNSD se prononce face aux abus des dépassements d’honoraires : « certains dentistes sont obligés d’enfreindre les règles tarifaires parce que sinon, ils ne s’en sortent plus financièrement ». On verserait presque une larme… Les prix ne reflètent pas la réalité, et les actes n’ont pas eu de revalorisation depuis 30 ans déclaraient-ils à l’époque des faits. Certes, mais n’échangeons pas les rôles. Il n’y a qu’une seule victime de ce système : le patient qui cherche des solutions pour se soigner. Alors que l’accès aux soins est en principe une liberté et un droit inscrits dans la constitution, beaucoup ne peuvent se soigner correctement. C’est ici que réside le premier scandale.

Rétablir l’accès aux soins dentaires

La volonté de démocratiser les soins dentaires pour tous est une excellente idée dans son principe. En théorie, cette idée doit déboucher sur un système de prix transparents et accessibles à tous sans compromis sur la sécurité ou l’éthique.

Face aux scandales des centres dentaires low-cost en France, Eurodentaire ré-affirme son attachement à la liberté de choix du patient de son praticien. Et ses principes fondateurs : Sécurité, accessibilité, transparence et respect des droits des patients.

Eurodentaire appelle à la responsabilisation des propos tenus par les instances représentatives et la mise en place d’une démarche de certification des opérateurs non-libéraux en France et en Europe par des instances dédiées, comme y invite la Directive sur les soins transfrontaliers.

L’état doit trancher sur la question de l’accès aux soins dentaires pour tous. Pour ce faire, les citoyens interpelleront les politiques à l’occasion des prochaines élections. Le but est d’en faire un véritable thème de campagne et mettre les décideurs face à leurs responsabilités.

Centre dentaire low cost : d’autres scandales à venir?

L’affaire Dentexia continue à faire parler d’elle. Elle constitue un scandale sanitaire sans précédent et encore non résolu en France. Depuis, d’autres centres similaires ont fait l’objet de fermetures. L’Agence régionale de santé (ARS) a enquêté notamment sur les centres Proxidentaire. Elle relève de nombreux manquements sur la qualification du personnel ou les règles d’hygiène. Mais aussi des pratiques illicites et actes de mutilation sur dents saines… « C’est de l’acharnement » se défend le directeur du Centre Proxidentaire accusé de mutilations sur ses patients. Selon lui, les centres dérangent dans la profession. En parallèle, un collectif de d’usagers Proxidentaire en colère s’est constitué pour faire valoir ses droits.

En 2022, 3 dentistes du centre Dentexelans sont mis en examen accusés d’exercice illégal de la profession de chirurgien-dentiste et escroquerie. Après un mois de fermeture, l’établissement d’Orléans à réouvert ses portes, mais reste dans le viseur des autorités. Dans la foulée et moins de 3 mois après, un autre centre du même groupe est incriminé : « Escroqueries et patients mutilés : quatre dentistes mis en examen à Chartres ».

De nombreux centres restent au cœur de scandales sanitaires. Le groupe Cilaé Santé ou encore le leader Dentego font l’objet d’enquêtes de la part des autorités quant à leurs pratiques. Censés améliorer l’accès aux soins, les centres dentaires low cost mettent en lumière les difficultés de se soigner les dents en France, qui ouvre sur des dérives dans un secteur qu’il convient de réformer.

5 Commentaires

  • rendez vous à la base pour un détartrage et un bilan,car deux ans sans pouvoir trouver de dentiste. radio panoramique au premier rendez-vous.detartrage au second enfin! et encore des radios.bilan: il faut arracher plusieurs dents ,suivit de devis pour prothèse 5 différents.3 ème, rendez vous extraction d une dent cassée+ 6 radios et nouveau devis.la dentiste voulait m en retirer une autre parce qu’elle bougeait un peu ,j ai refusé. un morceau de ma dent a été oublié à l extraction,j y retourne demain,avec un autre dentiste, c’est le troisième en quatre rendez vous.je m inquiète quand à la suite, mais comment faire il n y pas de dentiste,ils ne prennent pas de nouveaux patients.je pense que ce centre dentego ou je vais est axé sur les prothèses et non sur des soins propres.

  • Il n’y a pas que les centres dentaires, des dentistes et chirurgiens dentaires, en France, qui ont pignon sur rue, pratiquent également des soins douteux et vous mutilent à tél point qu’aucun autre chirurgien ne veut prendre la responsabilité de vous traiter. Reste à porter plainte.

  • Bjr j ai moi même payer 13000e à dentexia.
    J ai eu de la chance dans mon malheur j ai eu les implants dont 1 est tomber.
    Mais ensuite j ai du repayer 8000e dans un autres centre dentaire car la société entre temps avait été liquidé !!
    Résultat en tout plus de 22000e!!
    Vive la justice française sa me fait gerber.

  • J’ai eu le droit à une radio panoramique de « bienvenue » car je n’avais pas encore expliqué pouquoi j’étais là.
    Puis après une consultation éclair de 3 min, ils ont voulu me dévitaliser une dent avec couronne dans 6 mois, alors j’ai eu la confirmation de mon dentiste que je n’ai même pas de carie !!!

    • Cela s’apparente à un sur-traitement : il découle le plus souvent d’une recherche de rentabilité et invite à la plus grande prudence. Dans le doute, demander un second avis avant d’engager une démarche de soin.

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