Pour éviter de devoir renoncer à des soins dentaires trop chers, ils proposent une paraît séduisante à proximité. On en trouve aujourd’hui même des centres dentaires low cost dans les supermarchés. Une solution pour lutter contre les déserts médicaux? Pas si simple que ça…
Des centres dentaires en forte augmentation
Le centre dentaire low-cost à le vent en poupe mais son modèle inquiète la profession. En France, on comptait début des années 2020 plus de 1000 centres dentaires de ce type, soit deux fois plus que 5 ans plus tôt. Ils seraient aujourd’hui plus de 1300, principalement installés en région parisienne ou dans les grandes villes.
Les centres se défendent de sélectionner les patients ou les traitements, et préfèrent parler de rationalisation autour du soin. Si l’appellation low cost est parfois réfuté, les tarifs sont compétitifs grâce à un modèle basé sur un statut spécifique, un volume de patients et d’actes à atteindre, un plateau technique mutualisé et des praticiens salariés.
Recherche de productivité et modèle associatif
Le modèle qualifié de low cost ou de discount répond bien à un réel besoin de la population. Défendu par ses concepteurs et critiqué par les syndicats dentaires, le low cost en France continue de soulever des interrogations. Ce modèle est-il viable en médecine dentaire? Des doutes planent également sur les intentions altruistes de ces centres dentaires constitués en association à but non lucratif.
Suspicions sur le traitement
Le risque de sélection des actes, le sur-traitement et la pression sur le chiffre d’affaire des chirurgiens dentistes semblent récurrents, voire inhérent au modèle. Si le dentiste pas cher répond à un réel besoin, les postes et les conditions dans lesquelles l’optimisation se fait n’est pas toujours évidente.
Aussi, des montages financiers complexent les éloignent parfois de leur statut associatif à but non lucratif. De leur côté, les syndicats de dentistes libéraux dénoncent ainsi une concurrence déloyale et réclament un meilleur contrôle des cabinets dentaires qui bénéficient de ce statut favorable.
Favoriser l’accès aux soins dentaires pour tous
Face aux prix des soins dentaires élevés en France, de nombreux patients éprouvent des difficultés à se soigner les dents. Selon une étude récente, près de 30% des français renoncent ainsi aux soins dentaires.
En marge du statut de dentiste libéral, le modèle associatif s’est développé à partir des années 2010 en France. Il doit rendre les soins dentaires accessibles au plus grand nombre, mais a montré ses limites.
En matière de dentisterie low-cost, les alertes se sont ainsi amplifiés d’année en année, jusqu’à aboutir à des dérives avérées. Des enquêtes sont en cours pour pratiques dentaires abusives et des scandales dentaires ont éclaté, toujours irrésolus en 2025.
Centre dentaire sous statut associatif à but non-lucratif
Le centre dentaire low-cost fonctionne sous statut d’association loi 1901 à but non-lucratif. On constate dans certains cas un détournement de sa conception. Les fauteurs de trouble indélicats font en réalité remonter une partie du CA vers une autre entreprise, à but commercial cette fois-ci. Au final, il s’agit alors d’un montage juridique et financier. Cette pratique valut à Pascal Schein, le créateur des centres dentaires Dentexia, de lourdes condamnations.
La multiplication des dentistes discount doit en théorie favoriser l’accès aux soins dentaires des français. Mais d’un autre côté, elle ouvre sur certaines dérives. Les autorités ont ainsi fait marche arrière et les soumettent à présent à une autorisation préalable. Elles renforcent les contrôles et la surveillance, et n’hésitent plus a sanctionner les centres pris en faute ou en délit.
Les syndicats dentaires
Le Conseil de l’ordre des chirurgiens dentistes s’oppose depuis le début aux ouvertures des centres. On y parle de « dérive mercantile » et de stratégie portant sur les soins rémunérateurs comme l’implant ou la prothèse, au détriment des soins courants conservateurs.
L’ONCD appelle donc à une refonte du système des centres sous format associatif, rendus possible par la loi Bachelot de 2009 et amendée en 2023.
Les dysfonctionnements propres au centre dentaire low-cost produisent régulièrement des ratés ou des scandales. Dans une enquête de santé consacrée aux arnaques et bonnes affaires des soins low-cost, France 5 propose un reportage passionnant, mais qui fait frémir. Reportage Découvertes de TF1 sur la médecine dentaire à prix cassée aborde également longuement le sujet du low-cost.
Dentisterie à prix cassé : que valent les centres dentaires?
Les centres low cost en France se sont multipliés ces dernières années, beaucoup ont également fermé. Un reproche récurrent est que ces centres doivent réaliser un maximum d’actes pour être rentables. Le sur-traitement n’est jamais loin et tout dépend bien sûr de l’éthique des professionnels de santé qui y exercent comme celle de leurs dirigeants.
Un chose est sûre, le centre dentaire à bas prix répond à la recherche des patients de soins dentaires pas chers. Ils peuvent aller pour certains traitements de 30% à 50% moins cher qu’un chirurgien dentiste qui exerce en libéral. Cependant, les conditions diffèrent et sont ainsi perçues comme déloyales de la part des praticiens libéraux, au même titre que les soins dentaires à l’étranger.
Pour être « rentable », il faut pouvoir réaliser un maximum de traitement. La pression sur les soins ‘rémunérateurs’ est ainsi souvent pointée du doigt. C’est souvent ce qui a finit par avoir raison de ces centres dentaires un peu particuliers, embourbés dans la recherche d’une rentabilité incompatible avec leur statut.
Quel futur pour les centres de santé en France?
Si les centres low cost continuent de se propager et répondent à un besoin non satisfait, leur modèle n’a pas fini de faire parler de lui.
Ouvertures et fermetures vont bon train, mais le problème demeure. Le dernier épisode en date date de 2024, lorsque le groupe Dentifree ferme tous ses centres. Cette enseigne laisse ses patients sur le carreau et s’ajoute à une liste qui continue malheureusement de s’allonger. Espérons que les aménagement législatifs et la surveillance accrue des autorités permettra de remettre de l’ordre et garantir la sécurité comme les droits des patients victimes des centres qui contreviennent à leur mission.
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